PORTER LE SACRÉ SUR SA TÊTE

Depuis le collège en 6ème, mes camarades m’ont questionné sur mon style capillaire.
Pourquoi avais-je le cheveu naturel ?
Selon elles, je faisais gamine…
Aucune fille avec des cheveux frisés à l’époque ne les avait au naturel, ce n’était pas normal, mais cela ne me posait pas vraiment de problème. Mon père me parlait souvent de sa défunte mère qui avait pris soin de ses cheveux avec tant de plaisir.

J’ai donc toujours aimé les coiffer, y mettre des fleurs ou des feuilles pour aller à l’église. J’ai toujours aimé jouer avec mes cheveux, porter des foulards.

En tout et pour tout, je les ai chimiquement traités pendant 3 ans à des différentes périodes. Défrisée, curlée ou bouclée je considérais que ce n’était pas moi, pour la simple raison que je devais retourner chez la coiffeuse pour entretenir ce choix de style capillaire.

Ensuite, j’ai porté des locks, pas par facilité ou mode, j’étais au contraire très amie avec le peigne.
Je me suis faite des locks pour répondre au vœu que je m’étais faite à moi-même. Vœu que je n’ai jamais dévoilé à qui que ce soit. Avec le recul que j’ai aujourd’hui, je me permets d’en parler.

Je vais donc vous révéler mon secret.

J’étais assez colérique auparavant, dès que quelque chose ne me convenait pas, je levais le poing au ciel. Remettant en question Dieu, l’Univers, la Vie ou toute force supérieure censée prendre soin de moi. Je fustigeais et me ridiculisais, car j’avais la sensation de m’enfoncer dans ma colère.

Dread signifie crainte et locks, bloqué. Il y a donc toute une attitude et un état d’esprit à l’origine de cette coiffure.

Alors, en 2012, j’ai décidé d’arrêter de réagir de cette façon pour développer le respect et surtout une confiance en moi inébranlable.
J’ai commencé mes locks et les voir ou m’en occuper me rappelait sans cesse ce vœu.
Je me suis engagé à observer beaucoup plus dans le silence, patiemment. Je me suis ouverte pour être plus confiante même si les événements semblaient présager les pires situations.
J’ai appris à la fermer en fait, d’une certaine manière !
Mais aussi à prendre du recul et écouter. J’ai appris à être plus stratégique, dans le respect de ce que je ne connaissais pas et l’admiration de ce que je découvrais. Mes locks m’ont accompagné durant toute cette période, quelques fois extrêmement pénible également.

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2018, l’année dernière, était un cap important à passer pour moi, il s’agissait d’un événement très particulier en début d’année, au mois de février, (je ne vais pas vous révéler tous mes secrets…) suite auquel j’ai ressenti immédiatement le besoin de couper mes locks.
Je me suis demandé pourquoi ?
Il est indiscutable que je commençais un nouveau cycle alors que je portais le stress des années antérieures sur la tête.
Il est indéniable que le cheveu ne se détruit pas, il porte votre histoire à vie.
Avec un seul cheveu, on peut retracer votre parcours, savoir si vous avez fait une dépression, il y a 3 ans ou si vous avez connu une période de famine, il a 10 ans. Littéralement, il est incontestable que je portais le stress de ces années formatrices sur mon crâne.

Sincèrement, je n’en avais pas du tout envie alors j’ai résisté. Mais un soir, l’idée est devenue trop forte, quasi obsessionnelle.
Je ne pensais qu’à une chose les couper !
Mais, je n’imaginais pas mes filles me découvrir avec la boule à zéro à leur réveil. D’autant plus, que je leur avais fait la promesse de ne plus les couper. À leur réveil, je leur en ai donc parlé, elles ont compris, ont accepté l’idée et ont voulu participer en me les coupant.

Lors d’une démarche administrative en courant de matinée, j’ai eu un document à remplir et signer, en demandant la date on m’a tendu le formulaire :
« Nous sommes le X, chose que j’ai bien retenue car je venais d’entendre à la radio que nous étions le premier jour du printemps »
C’est à ce moment là que cela a fait tilt dans mon esprit, c’était la réponse que j’attendais.
J’avais coupé mes locks pour entamer ce nouveau cycle, le premier jour du printemps, saison du renouveau.
Quelle coïncidence n’est-ce pas ?

J’imagine que j’aurai très certainement à nouveau des locks, mais elles auront alors une toute autre portée…

Nos cheveux sont porteurs d’énergie, au-delà de la culture ou du type ethnique.
Quel que soit ce que nous en faisons, traitons-les avec respect et conscience.
Les traiter chimiquement impacte notre équilibre.
Porter des locks sans la conscience qui va avec a de réelles conséquences sur le bien-être.
Je rencontre tellement de femmes qui ne comprennent pas leur mal-être permanent. Elles ne font pas attention à leur alimentation, aux bijoux et pierres qu’elles portent, leur cycle menstruel, leur environnement, leur chevelure…

Nous devons nous réapproprier ces éléments forts de nous-mêmes en tant qu’entité. Nous réapproprier ce qui a été volé pour être remplacé par des modes qui nous éloignent de nous-mêmes.

Bien évidemment si notre choix est de s’éveiller…

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